Cinéma suisse : Le principe du cercle vertueux

Cinéma suisse : Le principe du cercle vertueux

Développons le principe du cercle vertueux

Lors de nos divers articles, nous avons passé en revue une définition du cinéma suisse, son mode de financement et ses contraintes et la représentativité de l'identité culturelle suisse romande des séries RTS.

Ces pages ont suscité de nombreux commentaires sur les réseaux sociaux.

 

Nous proposons ici notre vision du cercle vertueux qui pourrait améliorer la dynamique du cinéma en Suisse romande

Le processus de la création d'un film et ses intervenants

Ce blog a déjà passé en revue la définition du cinéma suisse, son système de financement et ses contraintes et la problématique de la représentation de l'identité culturelle romande dans les fictions de la RTS. 

 

Pour qu'un film existe, il faut réunir 5 partenaires principaux:

- un financement, en Suisse c'est majoritairement un subventionneur
- un producteur, qui peut être composé de co-producteurs 
- un scénariste et un réalisateur 
- des acteurs et actrices et une équipe technique
- un public

Ces partenaires forment un cercle qui accompagne le film durant ses différentes phases (certaines se chevauchent):

1. financement

2. production

3. écriture

4. réalisation

5. exploitation

Ce processus n'est pas linéaire mais bien circulaire puisque c'est le public (et toute la société civile) en Suisse qui permet le subventionnement et donc le financement des films suivants.

 

Etat de la situation actuelle en Suisse

Le cinéma s'adresse toujours à un public. En Suisse de nombreuses politiques ont été mises en place dans le but de réaliser des films qui trouvent leur public. 

Les films suisses en français

Si on passe en revue, l'appréciation des films suisses en français de ces 10 dernières années, voici le constat que l'on peut faire.

 

Dans la rue

Si on demande à une personne dans la rue ce qu'elle pense du cinéma Suisse, les réponses sont rarement élogieuses.

Dans les festivals

Si on observe la présence des films suisses dans les grands festivals, ils sont peu nombreux dans le domaine de la fiction et régulièrement représentés dans le documentaire. Retrouvez ici une interview du directeur de swiss film de 2010.
Ma Vie de Courgette est une des exceptions de ces 10 dernières années. On peut aussi y ajouter Fortuna de Germinal Roaux.

Dans les salles

Rares sont les films suisse à faire un succès au box office, alors quand un film trouve son public on parle souvent de "succès d'estime".

A la télévision RTS

Les audiences des séries et des films suisses à la RTS sont assez bons, puisqu'ils peuvent atteindre jusqu'à 30% de part d'audience.

Les réalisateurs suisses

Dans la rue

Pour nombre de personnes difficile de citer un ou deux noms de réalisateurs ayant réalisé un film ces 10 dernières années, sans cette restriction vous obtiendrez bien souvent les noms de Godard, Tanner ou Souter.

Dans les festivals

En dehors des Quartz, la cérémonie des prix du cinéma suisse, les récompenses prestigieuses sont très rares. 

Dans les salles

Aucun nom de réalisateur suisse suffit à assurer un succès à son film.

A la télévision RTS

Aucun nom de réalisateur suisse suffit à assurer un succès à son film.

Les acteurs suisses en français

Dans la rue

Pour nombre de personnes difficile de citer plus de deux ou trois noms d'acteurs ayant tourné dans un film ces 10 dernières années. Les noms qui ressortent ont bien souvent obtenu leur notoriété dans un ou plusieurs films étrangers; Jean-Luc Bideaud, Anne Richard, Jean-François Balmer ou Vincent Perez.

Dans les festivals

En dehors des Quartz, la cérémonie des prix du cinéma suisse, les récompenses prestigieuses sont très rares. Exception faite de Bruno Ganz.

Dans les salles

Aucun nom d'acteur suisse suffit à assurer un succès à son film.

A la télévision RTS

Aucun nom d'acteur suisse suffit à assurer un succès à son film.

 

Peu de films produits = peu d'expérience accumulée

Le faible nombre des films réalisés en Suisse par année a pour conséquence la difficulté d'accumuler de l'expérience pour les réalisateurs, les acteurs et les techniciens.

 

Un constat déprimant

Si on résume le tableau dressé peut vite virer au pessimisme:

Les films suisses n'ont pratiquement jamais de succès public.
Les réalisateurs et acteurs sont pour la plupart inconnus et manquent d'expérience.

Brisons les a priori

Pour que cette situation évolue, que le cinéma suisse romand de fiction trouve le succès, au moins dans son pays, il faut que chaque intervenant connaisse mieux les autres.

Par manque de connaissances, de nombreux a priori circulent autour du cinéma de fiction suisse romand. Nous en avons listés ci-dessous quelques-uns à titre d’exemple. Il s'agit de les briser afin de rétablir un partenariat efficace.

Pour les réalisateurs suisses

- A priori sur les acteurs suissesils sont nuls
(pas d'expérience de cinéma, ne sait jouer qu'au théâtre, pas charismatique)

- A priori sur les producteurs suissesils sont nuls
(ne prennent pas assez de risques, imposent des contraintes de co-production)

Pour les acteurs et actrices résidents en Suisse 

- A priori sur les réalisateurs et scénaristes suissesils sont nuls
(peu d'expérience, aucune direction d'acteur, dialogues plats, intrigues molles)

- A priori sur les producteursils sont nuls
(ne confient que des rôles mineures au acteurs locaux, paient de moins en moins)

Pour les producteurs suisses

- A priori sur les acteurs suissesils sont nuls
(pas d'expérience de cinéma, pas banquable)

- A priori sur le public suisse romandil est nul
(veut des stars étrangères dans des rôles locaux, intéressé que par des histoires de montagne)

- A priori sur les réalisateurs et scénaristes suissesils sont nuls 
(ne savent pas faire de comédies, besoin d'appuis étrangers)

Pour le public suisse romand

- A priori sur les réalisateurs et scénaristes suissesils sont nuls
(réalisation molle, sujets sans intérêts, dialogues plats)

- A priori négatif sur les acteurs suissesils sont nuls
(ne sait pas jouer)

- A priori sur les producteurs suissesils sont nuls
(coûtent cher, gaspillent l'argent dans des projets sans intérêt)

 

Le cercle vicieux

La situation ne peut que se dégrader tant que les a priori interféreront dans les relations entre partenaires lors du cycle de production d'un film.

 

Lorsque la confiance entre les partenaires est rompue, le réflexe premier est d'aller chercher des ressources externes afin de remplacer certains partenaires. En rompant  la dynamique circulaire, on augmente les tensions relationnelles.

 

Dans le pire des cas, ces a priori gangrèneront les relations entre les partenaires, aboutiront à un désintérêt du public qui se trouve en bout de cycle. Et le risque majeur pour le cinéma suisse est qu'il décide de couper dans les subventions.

Nous avons vu que le cycle de production d'un film commence par le subventionnement, c'est donc à cet endroit que le changement doit s'opérer en premier.


C'est d'ailleurs ce qui a été tenté ces dernières années en appliquant les différentes politiques de l'office fédéral de la culture (OFC) avec plus ou moins de succès.


Le politique a d'ailleurs mis en place un certain nombre de règlements afin de forcer les partenaires locaux à collaborer, retrouvez une partie de ces textes ici.

 

Le cercle vertueux

Il n'y a évidemment pas de formule magique assurant le succès futur du cinéma suisse. 

Mais nous pensons qu'en réduisant les a-priori à chaque étape nous développeront un cercle vertueux qui touchera au final le public.

 

Il s'agit dans un premier temps de ne plus se baser sur des a-priori mais sur des faits

 

Si certains de ses a priori se trouvent vérifiés par des faits, il incombe à chaque partenaire de de donner les moyens de les réduire et de travailler à l'amélioration de ces points de blocage. Cette méthode vise à installer un dialogue productif et des relations de confiance entre les partenaires.

 

Le recours à des ressources externes vise alors à apprendre des autres afin de mieux faire, et non plus à remplacer certains partenaires.

 

C'est probablement la seule manière de briser les a-priori du public et de changer son appréciation du cinéma suisse. Ce dernier se trouvant en bout de cycle cumule pratiquement la somme de tous les a-priori des autres partenaires.

Il s'agit aussi de cultiver nos particularités (au niveau du financement, du scénario, de la réalisation, des interprètes, de la diffusion) afin de se démarquer des films produits dans d'autres pays.

C'est le modèle choisi par le cinéma belgedanoissuisse-allemand.

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