Qu'est-ce qui définit un film Suisse ?

Qu'est-ce qui définit un film Suisse ?

Qu'est-ce qui définit un film Suisse ?

On peut légitimement se dire que ce qui caractérise un film Suisse est très variable et donc laissé à l’appréciation de chacun.

Par exemple:

 

Le scénario: si il ancre son action en Suisse, si ses personnages sont des Suisses, si ces dialogues sont basé sur une manière de parler caractéristique d'une région suisse.

Le réalisateur: si il est suisse, le film est donc la vision d'un suisse, la manière de tourner d'un suisse.

La production: si c'est une entreprise suisse qui finance le film, il est donc propriété d'une entité suisse.

Les décors: grâces aux paysages si caractéristiques, aux atmosphères qu'ils dégagent, pour le public la Suisse sera un arrière plan toujours identifiable.

Les acteurs principaux: si les rôles principaux sont tenus par des acteurs suisses, il y aura donc une ou plusieurs tête(s) d'affiche suisse, la promotion utilisera leur image.

Les acteurs secondaire, les silhouettes ou les figurants: souvent majoritaires, ils imposeront par leur présence, en quelques courtes phrases ou par leur présence une atmosphère clairement identifiable par le spectateur.

 

On se rend vite compte qu'un seul de ces éléments ne suffit pas à caractériser un film suisse.

Et d'ailleurs, nos élus se sont penchés sur cette question et il en est ressorti une Loi, la Loi sur le cinéma 443.1, LCin.

Loi fédérale sur la culture et la production cinématographiques

Cette loi a pour but de promouvoir la diversité et la qualité de l'offre cinématographique ainsi que la création cinématographique et de développer la culture cinématographique.

 

Et cette loi définit ce qu'est un film Suisse, en voici un extrait:

Par film suisse on entend tout film:

a. qui a été réalisé pour l'essentiel par un auteur de nationalité suisse ou domicilié en Suisse;

b. qui a été produit par une personne physique domiciliée en Suisse ou une entreprise qui y a son siège et dont les fonds propres et étrangers ainsi que la direction sont majoritairement en main de personnes domiciliées en Suisse, et

c. qui a été réalisé dans la mesure du possible par des interprètes et des techniciens de nationalité suisse ou domiciliés en Suisse et par des industries techniques établies en Suisse.

 

Il faut donc réunir ces 3 points pour que le film soit reconnu par la commission fédérale du cinéma suisse.

 

Les productions cinématographiques de la RTS.

On peut donc s'attendre légitimement à ce que la RTS, dans le cadre de son mandat de service publique applique la même définition à ses productions cinématographiques, que ce soit pour ses films suisse, téléfilms suisses ou séries suisses.

Voici ce que l'on trouve sur le site de la RTS sur sa page de soutien au cinéma suisse:

 

"Le désir de la RTS est de proposer de grandes histoires originales, qui se démarquent de l'offre de fiction internationale. Des séries qui portent l'empreinte de notre région, à la fois par leur ancrage, leurs paysages, mais aussi par leurs interprètes. "

 

A priori cette phrase, reprend tous les points de la loi fédérale sur la production cinématographique, la RTS affiche clairement son soutien au cinéma suisse.

Or dans les faits à la RTS, le point C. de la loi, "qui a été réalisé dans la mesure du possible par des interprètes et des techniciens de nationalité suisse ou domiciliés en Suisse", devient "c'est malheureusement quasi-impossible pour les rôles principaux".

 

Le téléspectateur romand retrouve donc, dans les films de la RTS, son identité suisse ou romande dans les scénarios, la production, les réalisateurs, les décors, la technique, les silhouettes et les figurants.

 

Les rôles principaux sont majoritairement tenus pas des interprètes belges ou français vivants dans leur pays et loin de notre réalité, comme l'illustre cet article.
 

Le casting des rôles principaux de Quartier des Banques: 1 belge, 3 français

 

La RTS et le partenariat étranger

La raison de cette non représentativité des interprètes locaux dans les rôles principaux se trouve peut être dans la suite du texte de la RTS: 

"Si nous souhaitons privilégier la Suisse romande par cette politique de fiction, il est essentiel à nos yeux de développer un dialogue créatif et productionnel avec des partenaires étrangers. "

Que couvre donc le "dialogue créatif et productionnel" avec les partenaires étrangers ?

Le dialogue créatif sous-entend-il l'appel à des scénaristes, des réalisateurs, des équipes techniques, à des interprètes étrangers?

Le dialogue productionnel parait plus clairement faire référence à des montages financiers et des diffusions avec des partenaires étrangers.

Dans les faits ce "dialogue créatif et productionnel" fait que même si la RTS, son coproducteur suisse et les aides financières fédérales apportent les 3/4 du budget, les interprètes suisses ou vivant en Suisse n'ont que très rarement accès à des rôles principaux.

La "créativité et les coproductions" avec des partenaires étrangers semblent imposer que les têtes d'affiche du film deviennent belges ou françaises, et ceci même si le scénario fait clairement référence à des personnages solidement ancrés dans territoire romand.

On pourrait plus logiquement fait recours à des interprètes belges ou français dans des personnages belges ou français.

Mais la RTS, par ses choix de scénarios, comme indiqué sur son site internet, impose que les personnages principaux soient romands puisse qu'ils doivent "porter l'empreinte de notre région". Et peu importe si ils sont joués majoritairement par des interprètes ne vivant pas en Suisse.

Pour les interprètes de nationalité suisse ou domiciliés en suisse (du point C. de la loi), ils seront toujours là pour assurer les rôles secondaires; pour ouvrir une porte, donner une réplique éventuellement deux, passer en arrière plan ou jouer le type dans le coma.

 

A noter aussi, que pratiquement aucun rôle secondaire n'est attribué à un interprète non local.

Les autres corps de métiers impliqués dans la production (auteurs, réalisateurs, techniciens) sont par contre que peu impactés par ce "dialogue créatif et productionnel", et restent majoritairement des personnes suisses ou domiciliée en Suisse.

Il existe donc une grande différence entre les intentions artistiques affichées de la RTS et ses réalisations cinématographiques.
 

L'exception suisse romande

Cette manière de co-produire et de laisser les rôles principaux aux partenaires étrangers semble être unique en son genre.
Au sein de la fiction de la SRF, ce procédé n'existe pas. Pour preuve, dans l'équivalent de Quartier des Banques, la série Private Banking, les rôles principaux sont tenus par des interprètes suisses.

 

Quelle autre télévision publique a-t-elle systématiquement recours à des interprètes étrangers pour ses rôle principaux dans ses films?

 

Demandons à la RTS de participer pleinement au rayonnement de notre identité culturelle en choisissant des interprètes qui nous représentent pour nous incarner dans ses fictions.

 

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